Revue de presse

Article paru dans "LA VOIX DU NORD"

 

 

 

Wattrelos, le 1er Mai 2009
Interview Jean-Mi & Charly par Cécile Poulain

Jean-Mi, colporteur de rêves

Avec une silhouette et une vitalité d'adolescent, Jean-Mi ne semble pas être un jeune retraité. C'est pourtant au seuil de ses soixante ans qu'il vit la vie qu'il a toujours souhaitée. Passionné d'écriture, de ventriloquie, de sculpture et de Reiki, il cultive avec bonheur son côté saltimbanque en compagnie de son ami Charly, une irrésistible marionnette au regard espiègle.

Reflet de sa personnalité, la porte d'entrée de Jean-Mi est grande ouverte à mon arrivée. Pourtant en plein centre de Wattrelos, sa maison semble être à la campagne. Je suis invitée à entrer dans le séjour par un doux parfum d'encens et de gaieté.

Comment a débuté cette belle aventure ?
Lors d'une soirée cabaret il y a trois ans lorsqu'on m'a demandé d'improviser quelque chose pour remplacer une artiste souffrante. J'ai donc imaginé un scénario avec une petite peluche et l'une de mes mélodies en filigrane. Et le déclic s'est produit. Je me suis dit que c'était dommage de ne pas faire vivre et parler ce personnage, d'où l'envie d'apprendre la ventriloquie. J'ai fait appel à un ventriloque , particulièrement connu au Grand Cabaret de Patrick Sébastien, pour m'enseigner les bases. Commencent alors les exercices de changement de voix et de gestuel. La ventriloquie exige une petite pincée de talent et des quantités de travail au quotidien !

C'est donc avec Charly que vous évoluez sur scène ?
En effet. Je partage mon spectacle entre chansons et ventriloquie. Charly est mon personnage leader. En fonction des différents spectacles, il est accompagné sur scène de Mamy Fernande qui parle et chante en chti, Pan Pan le petit lapin, Astroy l'extra-terrestre, il y a cinq marionnettes en tout. Je vais vous présenter Charly. (Il sort la marionnette de sa malle et la magie opère.)

Charly : Salut ! Dis-donc, t'es mignonne toi !
Bonjour Charly, d'où viens-tu ?
C : Je viens des stats.
JM : non Charly, on ne dit pas les « stats » mais les « States » !
C : Oh, ne te moques pas de moi... toi le nain de jardin !

Plus sérieusement, comment expliquez-vous votre parcours atypique?
Tout s'est produit sur le tard. Le passage à la retraite a révélé ce que j'étais vraiment. Jusqu'alors, j'ai toujours fait des métiers « alimentaires ». Aujourd'hui, je fais ce qui me plaît réellement. Auparavant trop pudique, ma fibre artistique s'est affirmée vers soixante ans. C'est auprès de mon neveu chanteur, Thomas, dans le sud-ouest, que j'ai réalisé mon envie de transformer les mots en chanson. Cela fait maintenant trois ans que mon rêve de toujours est devenu réalité.

Vous vous surnommez le « colporteur de rêves », pouvez-vous me donner une définition ?
(Jean-Mi se lève proposant d'écouter la chanson qui porte ce nom. Il ne se contente pas de passer le CD, il l'interprète micro en main, puis me confie)
Ouvrant chaque spectacle, la chanson « le colporteur de rêves » me décrit tel que je suis.
Je suis fantaisiste, c'est-à-dire que je suis ventriloque et que je chante. Je n'ai pas la prétention d'être un chanteur mais plutôt un homme qui chante. C'est différent. Dès que j'ai entamé le travail de la ventriloquie, tout ce que j'avais en moi est sorti. Cette gymnastique fantastique m'a amené naturellement vers la chanson. J'écris depuis toujours des poèmes qui une fois composés deviennent des chansons. Conjuguant mes tours de chants aux poupées de ventriloquie, j'essaie de transporter le public dans mon univers. Entre chansons, tendresse, humour et ventriloquie, je souhaite apporter des moments de bonheur et de fantaisie au public.

Dans vos spectacles, vous vous adressez plutôt aux enfants ou aux adultes ?
Les deux ! J'ai la chance d'avoir des spectacles qui interpellent tout un chacun. Il sont composés de chansons populaires telles que « Félicie », « Les amants de Saint Jean », « Le P'ti Quinquin », de chansons actuelles, de comptines et de mes propres mélodies.
A ceci mes marionnettes y ajoutent leur note d'humour et de fantaisie. Mon but est de toucher les gens, de les interpeller en leur rappelant leur enfance. Mes personnages un brin coquins ne vont jamais dans la vulgarité, mais toujours dans la tendresse et l'émotion. Ils redonnent vie à notre enfance et notre insouciance.

Qu'est-ce qui vous pousse à faire de la scène ?
C'est un sentiment étrange. Je ressens à la fois une très grande peur et un immense bonheur. Après le spectacle, je me sens vidé de mon énergie mais tellement rempli de bonheur par l'échange avec le public. Quand tu donnes sur scène, tu reçois énormément. Cela permet de rester en vie et de rencontrer des personnes formidables. Mon but c'est d'être heureux. J'ai la possibilité de donner du bonheur aux gens et c'est ce qui me rend heureux.

En d'autres termes, votre spectacle est une main tendue vers les autres ?
Les mains sont un canal d'émotions : les marionnettes, l'écriture, la sculpture, le Reiki (ndlr : médecine japonaise basée sur des soins énergétiques par application des mains), les personnes que j'ai rencontrées et qui m'ont tendu la main. Le désir de donner du bonheur et d'en recevoir passe par les mains. Il y a un fil conducteur dans tout cela.

Ne serait-ce pas thérapeutique finalement ?
C'est certain. Ma passion pour manier et jongler avec le langage me permet de mettre des mots sur les maux. Vice-président de l'Atelier des Arts de Wattrelos, je découvre un formidable puis de créativité et de don de soi. Par la sculpture de la terre, les enfants ,les adultes traduisent fidèlement leurs états d'âme et leurs émotions. Tout ressort.

Combien avez-vous écrit de chansons ?
J'ai à ce jour plus de cent cinquante chansons déposées à la SACEM dont un certain nombre reprises sur des albums d'artistes de notre région. Mais elles dépassent aussi les frontières vers la Belgique, le Luxembourg et le Québec.

Comment faites-vous pour trouver autant d'inspiration ?
La vie est faite de rencontres. Je m'inspire de ces personnes, de ce qui m'entoure, dans la nature, des médias. Je peux écrire aussi à la demande. Par exemple, une mes chansons s'intitule « les enfants de la shoah » suite à une rencontre formidable avec Odette Adijes, une dame marquée par l'Histoire. A la fois plein d'humour et de tendresse, mon registre peut s'enrichir de notes plus graves. On est toujours riche quand on prend toutes les expériences de la vie dans le positif. Je suis un autodidacte car je me suis construit tout seul. On ne naît pas artiste, on le devient. Nourri par les livres, les poèmes et surtout par la chanson française telle que Brel, Brassens mais aussi Benabar et Marie Cherrier, j'ai construit l'univers qui me ressemble vraiment.

Où peut-on vous voir alors ?
Lors d'événements privés ou publics, de journées et soirées festives, cabarets, podiums, arbre de Noël et maisons de retraite... Comme je viens de vous l'expliquer, c'est fantastique de pouvoir s'adresser et toucher plusieurs générations à la fois.


Vous avez un agenda très chargé, quels sont vos projets ?
J'effectue en moyenne cinquante spectacles par an composés à part égale de chansons et de ventriloquie. Des dates sont prévues en France, en Belgique et au Luxembourg, et un projet se profile pour 2010 au Québec. D'ailleurs une mes chansons intitulée « Demain j'pars au Québec » passe actuellement sur les ondes là-bas. Plus tard, j'envisage d'enregistrer un CD de mes propres interprétations mais ce n'est pas pour tout de suite. Pour l'instant, une nouvelle marionnette vient d'arriver dans la compagnie. Nous allons faire connaissance.


                                                                                                                                                                          Propos recueillis par Cécile Poulain