LE METALLO

LE METALLO

Depuis tout c’temps qu’je m’bats

Et que j’épaule les syndicats

Dans des manifs un peu partout

Pour revendiquer quatre sous

C’est pas pour l’plaisir de casser

Je serai plutôt modéré

Mais pour faire entendre nos voix

Faut qu’on dérange on a pas l’choix

Y a quarante ans qu’j’carbure

Et j’ai même pas une belle voiture

Juste quatre roues sans un turbo

Acheté a crédit chez Renault

C’est pas la berline de mon boss

Qui roule fièrement dans son carrosse

Sans se soucier des traites payées

Par les benefs ‘d’la société

Y est pas question d’faire du Zola

Ni d’croire qu’c’est la Berezina

Simple coup d’gueule d’un métallo

Qui aspire au juste repos

Y a si longtemps qu’je bosse

J’ai même pas vu grandir mes gosses

Qui se sont envolés bien trop tôt

Pour se marier faire des marmots

Si j’ai travaillé dur

Avec un salaire de torture

C’est pour qu’ils sortent d’ma condition

Et d’ouvrier devenir patron

Depuis tout s’temps qu’j’turbine

Faire les trois huit sur une machine

J’ai l’impression qu’ma vie fout l’camp

Qu’il ne reste plus beaucoup de temps

Je rêve de vacances à la mer

Prendre du temps pour ne rien faire

M’occuper d’ma famille aussi

Et tout bonnement rester en vie

Y est pas question d’faire du Zola

Ni d’croire qu’c’est la Berezina

Simple coup d’gueule d’un métallo

Qui aspire au juste repos

Malgré toutes ces années d’labeur

J’ai pas un seul poil de rancœur

Bien sûr j’ai pas un rond d’côté

Mais je suis riche en amitiés

Si je sens qu’ma force décroît

J’ai pourtant pas perdu la foi

Mais comptez pas sur moi pour chanter

Que le travail c’est la santé

A ceux qui réforment nos retraites

Je leur adresse une requête

Mes beaux messieurs pensez un peu

A ces milliers de laborieux

Qui à peine sortis de l’enfance

Ont fait prospérer notre France

Tout en payant un lourd tribu

Sans jamais être reconnus

Y est pas question d’faire du Zola

Ni d’croire qu’c’est la Berezina

Simple coup d’gueule d’un métallo

Qui aspire au juste repos

J. M LELEU 

 SACEM